Les femmes entourant Jésus
par Hannele Ottschofski | 6 octobre 2023 |
Nous pensons généralement que la Bible est un livre écrit par des hommes, sur des hommes et pour des hommes. C’est comme si l’Église avait essayé de rendre les femmes invisibles dans la Bible. Pourtant, elles existent, et pas seulement en tant que figures marginales ou personnes anonymes. Nous devons les redécouvrir et lire la Bible à travers leur regard.
Nous sommes conscients que Jésus était entouré de douze hommes. Pourtant, les femmes qui ont suivi Jésus avec ses disciples ont souvent échappé à notre attention. Luc cite nommément plusieurs d’entre elles qui étaient avec Jésus et les douze disciples.
Quelque temps après, Jésus se rendit dans les villes et les villages pour y proclamer et annoncer la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu. Il était accompagné des Douze et de quelques femmes qu’il avait délivrées de mauvais esprits et guéries de diverses maladies: Marie, appelée Marie de Magdala, dont il avait chassé sept démons, Jeanne, la femme de Chuza, administrateur d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres. Elles assistaient Jésus et ses disciples de leurs biens.
Nous lisons les prénoms de ces trois femmes. Mais il est également question de «beaucoup d’autres» femmes qui ont suivi Jésus et l’ont soutenu financièrement. Pourquoi pensons-nous que les soixante-dix disciples qui ont suivi Jésus étaient uniquement des hommes? En outre, les femmes qui étaient restées avec Jésus de la Galilée à la croix ont été les premières à se rendre au tombeau le matin de la résurrection.
Lorsque nous observons le ministère de Jésus, nous constatons qu’il a traité les femmes d’une manière tout à fait différente de ce qui était habituel dans sa culture. Jésus était prêt à remettre en question les normes culturelles. Dieu avait créé l’homme et la femme égaux; c’est cette égalité que Jésus a voulu rétablir dans le royaume de Dieu.
Les femmes disciples
Jésus a ignoré les restrictions imposées aux femmes et leur a permis de le suivre. Il a démontré publiquement que les femmes avaient de la valeur aux yeux de Dieu. Il s’est lié d’amitié avec elles. Les femmes dont parlent les évangiles étaient des femmes fortes, et Jésus les a soutenues comme elles l’ont soutenu. Elles ont proclamé la bonne nouvelle qui les avait libérées de l’oppression et leur avait redonné la valeur que Dieu accordait aux femmes.
Les évangiles racontent des rencontres surprenantes que Jésus a eues avec des femmes. Avec la Samaritaine au puits de Jacob (Jean 4 : 1-30), il parle du salut et prend même ses arguments au sérieux, montrant qu’il apprécie son savoir et son intelligence! Avec Marthe, il a eu une discussion théologique sur la résurrection. C’est une femme que Jésus a chargée d’annoncer aux disciples qu’il était ressuscité. Il l’avait guérie physiquement, mentalement et spirituellement et avait fait preuve de compassion.
Jésus a traité les femmes comme des êtres humains créés à l’image de Dieu. Pour lui, elles n’étaient pas des tentatrices contre lesquelles les hommes devaient se protéger, ni des objets sexuels comme on les voit souvent aujourd’hui. Pour lui, elles étaient des êtres humains précieux. Au sujet de la femme qui avait oint sa tête, Jésus a dit:
Elle a fait ce qu’elle a pu, elle a d’avance parfumé mon corps pour l’ensevelissement. Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera proclamée, dans le monde entier, on racontera aussi en souvenir de cette femme ce qu’elle a fait. (Marc 14.8-9)
Jésus a remarqué les femmes et a voulu qu’elles soient reconnues et vues – même cette femme qui a oint sa tête et qui a tellement embarrassé les autres, il a voulu que l’on la reconnaisse et quel’on se souvienne d’elle à travers l’histoire.
Les rabbins n’enseignaient qu’à des disciples masculins. Plus tard, le Talmud dira: «Celui qui enseigne la Torah à sa fille lui enseigne l’obscénité» (Sotah 20a). Mais Jésus a encouragé les femmes à le suivre en tant que disciples et à utiliser leurs dons.
On dit de Marie de Béthanie, par exemple, qu’elle s’est assise aux pieds de Jésus comme tous les autres disciples (Luc 10 : 38-42). Le rôle traditionnel des femmes était de servir la famille, mais lorsque Marthe a fait remarquer à Jésus que Marie ne remplissait pas ses devoirs féminins, Jésus a défendu la décision de Marie. Ce faisant, il a affirmé le rôle des femmes en tant que disciples à part entière. Jésus n’a pas eu peur de réinterpréter les traditions et les lois : «Vous avez appris qu’il a été dit : […] Mais moi, je vous dis […]»
Cette réinterprétation des traditions montre que Jésus acceptait les femmes en tant que filles égales d’Abraham.
Dans l’Église primitive
Après la résurrection et l’ascension de Jésus, la participation des femmes aux réunions de ses disciples allait de soi:
Tous se réunissaient constamment pour prier, ainsi que les femmes et Marie, la mère de Jésus, et ses frères. (Actes 1.14)
L’Église primitive était une communauté de maisons ouvertes, de partage économique et de repas pris en commun. Les femmes étaient au cœur de la communauté. Bien entendu, les hommes jouaient également un rôle important. Les hommes jouent également un rôle important dans l’Église d’aujourd’hui, car tous sont appelés à former une nouvelle famille en Christ.
Dans son sermon à la Pentecôte, Pierre a cité le prophète Joël:
Ensuite, je répandrai mon Esprit sur tous les peuples. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, vos jeunes gens des visions. En ces jours-là, je répandrai aussi mon Esprit sur mes serviteurs, hommes et femmes. (Actes 2.17)
Les disciples étaient convaincus que cette prophétie s’accomplissait à ce moment-là. L’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui se trouvaient dans la salle.
Quand le jour de la Pentecôte arriva, les disciples étaient tous rassemblés au même endroit. […] Au même moment, ils virent apparaître des sortes de langues qui ressemblaient à des flammèches. Elles se séparèrent et allèrent se poser sur la tête de chacun d’eux. Aussitôt, ils furent tous remplis du Saint-Esprit et commencèrent à parler dans différentes langues, chacun s’exprimant comme le Saint-Esprit lui donnait de le faire. (Actes 2.1-4)
Nous oublions souvent que la Bible dit cela, et nous pensons seulement aux apôtres qui parlaient en langues. Mais Pierre a expliqué pourquoi même les femmes prêchaient, en citant le prophète Joël dans l’Ancien Testament. L’idée que les femmes ne devraient pas participer à l’Église n’avait pas encore vu le jour. L’effusion du Saint-Esprit sur tous les hommes a confirmé leur vocation.
Les femmes participaient certainement à la fraction du pain dans les maisons. Nombre de ces Églises de maison étaient dirigées par des femmes telles que Lydie et Priscille. L’apôtre Paul montre son appréciation pour ses collaboratrices dans ses salutations à l’Église de Rome en mentionnant plusieurs femmes par leur prénom en Romains 16: Phoebe, diacre de l’Église de Cenchrées; Priscille; Marie; Junie, l’apôtre; Tryphena et Tryphosa; Persis, la mère de Rufus; Julia, la sœur de Nereus, qui étaient impliquées dans la prédication de la bonne nouvelle.
La Nouvelle Voie, comme le mouvement a été initialement appelé, consistait en une foi qui libérait les femmes des chaînes des conventions culturelles oppressives de l’époque. Ainsi, il n’est pas étonnant que le christianisme ait été particulièrement attrayant pour les femmes dans le monde romain, fortement orienté vers les hommes.
Nous sommes tellement habitués à ce que l’Église soit dirigée par des hommes aujourd’hui que nous ne remarquons pas que les femmes ont été impliquées dans la direction liturgique de l’Église primitive pendant plusieurs siècles. Des manuscrits, des objets et des fresques datant des temps les plus anciens montrent des femmes participant à des cérémonies liturgiques, les mains levées en signe de bénédiction ou portant l’encensoir.
L’image d’une femme nommée Cerula, datant du Ve siècle et découverte en 1971 dans la catacombe de San Gennaro à Naples, la montre entourée de livres et d’évangiles ouverts et enflammés, symbolisant le rôle d’un évêque.
Quand les femmes ont-elles donc perdu leur voix et leur rôle de leader? De nombreux pères de l’Église n’ont fait aucun commentaire sur l’ordination des femmes. Clément de Rome, cependant, enseignait que les apôtres n’élisaient que des hommes pour leur succéder.
Pourtant, en 494, en réponse à des rapports faisant état de femmes servant à l’autel dans le sud de l’Italie, le pape Gélase 1er a écrit une lettre condamnant la participation des femmes à la célébration de l’eucharistie et affirmant que ces fonctions étaient exclusivement réservées aux hommes.
Enfin, le concile de Laodicée (363-364, canon 11) a interdit l’ordination de femmes au presbytérat.
L’exemple de Jésus
Pour moi, se pose la question suivante: si Dieu a créé l’homme et la femme égaux, pourquoi l’Église n’est-elle pas pionnière de l’égalité? Ceux qui suivent Jésus et le prennent comme exemple devraient certainement s’inspirer de sa relation avec les femmes. La véritable tâche de l’Église devrait être d’apporter la bonne nouvelle dans le sens de Galates 3.28:
Il n’y a ni Juif ni païen, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car tous, vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus.
Cette unité signifie également la libération de l’oppression pour tous, y compris les femmes. L’Église devrait, par son exemple, renforcer et promouvoir les femmes et les ramener à l’égalité prévue par Dieu pour l’ensemble de l’humanité.
Comme j’aimerais que le monde soit un monde pour les hommes et les femmes, où les deux sexes sont valorisés et respectés, et où ils travaillent ensemble pour prendre soin du monde qui leur a été confié lors de la création! Nous devrions nous inspirer de Jésus, qui nous a donné un merveilleux exemple d’inclusion et qui est venu sauver tous ceux qui croient en lui.
Hannele Ottschofski écrit de Hechingen, en Allemagne. La version anglaise de cet article est parue le 25 avril 2023 sur le site d’Adventist Today.