Lettre aux comités d’église de par le monde: existe-t-il une meilleure façon d’être une église?
par Linda McCabe | 3 avril 2025 |
Il était une fois une église. (Je ne donnerai ni le nom ni le lieu, mais l’histoire est vraie. En fait, elle ressemble suffisamment à beaucoup d’autres histoires à travers le pays pour que vous ayez peu de chance de l’identifier.)
Un jour, entre quarante et cinquante membres d’une grande église adventiste d’une grande ville des Etats-Unis ont décidé d’implanter une nouvelle église dans une banlieue aisée où il n’y avait aucune présence adventiste. Ils souhaitaient atteindre cette communauté pour le Christ.
C’était dans les années 40. Ces membres ont finalement fait le pas, et leur nombre a augmenté. Avec le temps, un projet de construction d’église a été entrepris. Après la construction de l’église, une école primaire a ouvert se portes; plusieurs églises locales s’en partageant le financement. Plus tard, les relations avec les autres églises se sont détériorées et l’école a été vendue. L’église a donc réaménagé le sous-sol et l’école s’y est retrouvée pendant un certain temps. Le nombre des membres d’église fluctuait mais se maintenait généralement entre 75 et 150.
Passons aux années 70 et 80. L’école a fermé et l’église a commencé à décliner. Lorsqu’ils ont eu un pasteur qui était bien apprécié, la fréquentation a augmenté. Lorsque celui-ci est parti, elle a baissé. Lorsqu’ils ont eu un pasteur avec des idées progressistes, les membres attachés aux valeurs plus traditionnelles sont partis. Un pasteur plus conservateur a suivi, et les membres qui appréciaient le pasteur progressiste sont partis.
70 ans ont passé et environ 50 membres se réunissaient chaque semaine dans l’église – le même nombre qu’au début. Bien qu’ils aient été «présents» dans leur ville pendant sept décennies, la réalité était que leur église pourrait fermer ses portes et très peu de gens s’en apercevraient.
Si vous pouviez lire les comptes-rendus des comités des années précédentes, 95% ou plus des discussions et des décisions portaient sur des questions internes, et non sur les gens du quartier qui les entouraient. Cela demande du temps et de l’énergie d’assurer le paiement des factures, le bon déroulement des programmes du sabbat, la tonte de la pelouse et l’entretien du bâtiment.
Cependant, ces membres souhaitaient vraiment que leur église grandisse, et ils ont fait appel à un consultant pour répondre à leur question: «Comment pouvons-nous atteindre nos voisins de quartier pour le Christ?» – la même question qu’ils s’étaient posée à leurs débuts, 70 ans plus tôt. Le consultant leur a expliqué que le bâtiment de l’église aurait besoin d’être rénové pour le rendre plus présentable et moderne: toilettes accessibles aux personnes handicapées, nouvelle cuisine, etc. Ils se trouvaient, après tout, dans une banlieue aisée. Plus d’un demi-million de dollars ont été investis dans le projet, et les travaux ont commencé.
Je n’ai pas entendu parler de l’impact de la rénovation sur leur mission, mais cela m’a amenée à me poser une autre question.
Un ministère centré autour d’un bâtiment?
Voici ma question: si nous essayions, pourrions-nous trouver une méthode financièrement plus inefficace pour faire des disciples? Pendant ces 70 ans, des millions de dollars ont été dépensés en salaires pour les pasteurs, en construction, entretien, réparation et rénovation de bâtiments. Pourquoi suppose-t-on que c’est la seule façon d’être une église?
Je ne dis pas qu’au fil des ans la vie des gens n’a pas été positivement influencée par la présence de cette église. Je ne dis pas non plus que ce qu’ils ont fait été mal. Mais sérieusement: existe-t-il une autre possibilité? Une meilleure option? Surtout dans le monde d’aujourd’hui où de plus en plus d’américains décident de ne pas faire partie d’une église institutionnelle?
Notre façon traditionnelle de nous organiser en église nous conduit automatiquement vers l’achat d’un bâtiment ou vers un projet de construction. Nous pensons automatiquement que nous ne sommes pas une «vraie» église si nous n’avons pas de sanctuaire, pas de salle de jeunes et pas de prêt immobilier. Dans le passé, c’était peut-être la meilleure façon d’entrer dans une ville ou un quartier et d’avoir un impact. Mais aujourd’hui, est-ce la meilleure façon?
J’ai trouvé un site web qui détaille les coûts de construction d’une nouvelle église, et j’ai fait les calculs. Une salle de 150 places pourrait coûter entre 1 million et 1 million et demi de dollars. Le parking, à lui seul, pourrait coûter 60 000 dollars. Et je peux vous dire par expérience que lorsqu’une famille d’église commence à se concentrer sur une construction, tout le reste passe au second plan.
Pendant des décennies, une congrégation typique collectera des fonds pour construire, pour rembourser son prêt immobilier, pour financer les réparations du toit et du parking, puis, 15 à 20 ans plus tard, pour rénover et moderniser un bâtiment qui ne sera ouvert que pendant quelques heures par semaine – et la plupart des personnes qui l’utilisent sont déjà adventistes.
Existe-t-il donc un modèle différent? Un moyen d’entrer en contact avec nos contemporains, de tisser des liens et de répondre à leurs besoins sans dépenser des millions de dollars pour un bâtiment?
Mon idée
Je vous ai dit que c’était une histoire vraie. Alors permettez-moi de passer du général au personnel – non pas «ils» mais «nous». Voici mes idées, fondées sur une vie d’observation et de participation à des églises et à des projets de construction.
Dieu a demandé à Moïse ce qu’il avait déjà en main. En tant que groupe, qu’avons-nous déjà en main?
La plupart d’entre nous ont plus de 50 ans. Nous n’arrivons pas à attirer les jeunes familles dans nos classes d’école du sabbat comme l’église d’à côté. Nous n’avons pas de troupe Explorateurs pour les jeunes. Notre musique ne fera pas passer nos portes aux jeunes adultes.
Mais ce que nous avons, c’est notre expérience de vie et des connaissances. Nous savons des choses – des choses que d’autres aimeraient savoir. Et nous nous soucions des autres. La plupart d’entre nous pourraient consacrer quelques heures par semaine à enseigner à quelqu’un ce qu’il ou elle aimerait savoir.
Et si nous louions un bâtiment en ville? Ni dans le plus beau quartier ni dans le plus pauvre. Pas un bâtiment immense et coûteux. Il pourrait s’agir d’une petite boutique simple, proche des lieux de vie. Nous pourrions simplement l’appeler «Centre d’apprentissage communautaire» et proposer des cours interactifs sur des sujets comme le budget familial, les principes de santé, les premiers secours, l’éducation des enfants, ou offrir un accompagnement en cas de deuil ou de divorce, ou encore des cours de sport, de crochet, de tricot, de langues, de guitare, de décoration de gâteaux, ou toute autre compétence que l’un de nous possède et que nous sommes prêts à enseigner à une ou dix personnes. Pas de flafla. Juste ce que nous savons.
Mon mari et moi avons appris très tôt que nous préférions les programmes de sensibilisation avec un faible ratio temps de préparation/temps d’interaction. Travailler des jours et des semaines pour mettre sur pied un programme à fort impact où les gens venaient, regardaient, écoutaient puis disparaissaient, nous laissait peu de temps pour les interactions personnelles. De plus, c’était épuisant. Des programmes et des cours simples, où l’on se rencontre plusieurs fois sur plusieurs semaines, sans que cela demande beaucoup de préparation, permet de mieux connaître les gens et de nouer des relations. Un meilleur retour sur investissement, en quelque sorte.
Si on annonce un cours particulier et que personne ne vient, ce n’est pas grave. On essaie un autre cours. Il faudra du temps pour que les gens comprennent qu’il n’y a pas d’agenda caché. Il faut aussi du temps pour faire connaissance. Découvrons ce qu’ils font, où ils vivent et comment on peut les aider.
Ce centre d’apprentissage pourrait être ouvert chaque semaine pour un club de lecture, un programme pour les Alcooliques Anonymes ou une session de musique improvisée où toute personne jouant ou ayant joué d’un instrument pourrait venir passer un moment et jouer avec d’autres personnes ou simplement écouter jouer les autres. Les personnes âgées pourraient, pendant une ou deux heures, venir crocheter des bonnets pour les bébés hospitalisés. Les mères avec des bébés et de jeunes enfants pourraient être accueillies; nous pourrions les encadrer et discuter de ce que les bébés apprennent à différents stades de leur développement et des moyens de favoriser le développement de leur cerveau.
Les membres (et les bénévoles du quartier) pourraient se retrouver pour réparer un toit ou un robinet qui fuit chez une personne âgée, ou faire des vidanges pour les mères célibataires. «Oh, et au fait, nous nous réunissons pour étudier la Bible et partager un repas tous les samedis. Vous êtes les bienvenus!»
Quoi? Pas de prédicateur?
Nous n’aurions pas besoin d’un service religieux avec un prédicateur. Nous pourrions nous asseoir en cercle, chanter des chants, parler à Dieu, discuter d’un passage biblique, manger ensemble. Une activité à laquelle une personne qui ne souhaite pas aller à l’église pourrait participer confortablement. Etre «église», plutôt qu’organiser un programme d’église.
Imaginez nos portes, ouvertes plus de 20 heures par semaine. Nous ne serions pas tous présents en même temps. Chacun de nous pourrait passer 3 à 5 heures à enseigner un cours et à être présent le sabbat. Certains pourraient y passer plus de temps s’ils le souhaitent.
Imaginez dépenser une fraction de ces 1,5 million de dollars, non pas pour construire et meubler un bâtiment, mais pour enrichir la vie des uns et des autres; même seulement 25 000 dollars par an et venir en aide à des personnes âgées, soutenir des familles, enseigner et encadrer. Quel impact pourrions-nous avoir sur un quartier? Oui, cela semble beaucoup d’argent. Mais si nous ne pouvons pas rassembler 25 000 dollars pour des projets communautaires, comment pouvons-nous justifier dépenser un million de dollars pour construire un bâtiment, et des dizaines de milliers de dollars pour l’entretenir et payer les factures?
La méthode du Christ pour sauver les âmes est la seule qui réussisse. Il se mêlait à ses contemporains pour leur faire du bien, leur témoignant sa sympathie, les soulageant et gagnant leur confiance. Puis il leur disait: «Suivez-moi.»
C’est ainsi que, par des efforts personnels, il faut entrer en rapport intime avec les gens. On obtiendrait de meilleurs résultats si l’on passait moins de temps à prêcher et davantage à visiter les familles. Il faut secourir les pauvres, soigner les malades, réconforter ceux qui sont dans la peine, instruire les ignorants et conseiller ceux qui manquent d’expérience. Pleurons avec ceux qui pleurent et réjouissons-nous avec ceux qui se réjouissent. Avec la puissance que donnent la conviction, la prière et l’amour de Dieu, cette œuvre ne saurait rester stérile. Ministère de la guérison, p.118
Je comprends que beaucoup ne soient pas intéressés ou à l’aise avec mes idées, et c’est normal. Certaines personnes apprécient l’église traditionnelle, et il y a de nombreux endroits où elles peuvent jouir de ce type d’église.
Mais avons-nous besoin de plus de la même chose?
Linda McCabe est auditrice adjointe et formatrice de trésoriers à la Fédération de Géorgie-Cumberland. Elle vit dans le Tennessee. Elle est mère de deux fils d’âge adulte et d’une chienne Catahoula nommée Maggie. Elle aime faire pousser des choses, photographier la nature, faire de la randonnée et du vélo entre amis et écrire. La version anglaise de cet article est parue le 27 mars 2025 sur le site d’AdventistToday.
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